Viols sur sa cousine de 13 ans : l'accusé condamné à 15 ans de prison


PAPEETE, le 28 novembre 2018 - Au terme de deux jours de procès, l’avocat général a requis 12 à 15 ans de réclusion criminelle à l’encontre d’un sexagénaire accusé de viols par sa cousine, qui était âgée de 13 ans à l’époque. L’homme qui avait nié les faits pendant huit ans, a avoué ce mercredi qu’il avait bien eu des rapports sexuels avec l’adolescente en indiquant toutefois qu’il la pensait consentante.

L’accusé, poursuivi pour des viols commis sur sa cousine éloignée, avait nié les faits durant plus de huit ans. Au second et dernier jour de son procès devant la cour d’assises ce mercredi, l’homme a partiellement avoué les faits qui lui sont reprochés. Ce mécanicien désormais à la retraite a concédé qu’il avait eu des rapports sexuels avec la victime et ce, alors que l’enfant avait été placée chez lui après avoir subi des attouchements de la part d’un oncle. « Elle n’a rien dit donc vous avez conclu qu’elle était consentante ? C’est cela, votre critère de consentement ?» s’est étonné l’avocat général, auquel le prévenu a répondu par l’affirmative. En écho, la victime, chez laquelle l’expert psychologue avait relevé de nombreux signes de stress post-traumatique, a évoqué ses sentiments à l’époque des faits : « j’avais peur, c’était paralysant. »

Pour la partie civile, Me Eftimie-Spitz a affirmé que l’aboutissement de cette affaire n’était lié qu’au « courage » et à « la volonté » de sa cliente qui a, depuis les faits, réussi à construire sa vie. « Aujourd’hui, elle attendait que son agresseur lui demande pardon, elle le lui aurait accordé. Au lieu de cela, elle doit entendre qu’elle était consentante ! » a ajouté avocate selon laquelle « on ne peut rien faire de plus monstrueux à un enfant. »

« Acculé »

Suite à la plaidoirie de la partie civile, l’avocat général a requis 12 à 15 ans de prison à l’encontre de l’accusé dont le revirement ce mercredi n’est dû qu’au fait que, « ne pouvant plus nier l’évidence », il s’est senti « acculé ». Le représentant du ministère public a tenu à rappeler que pour les victimes de viol, « le traumatisme est tel qu’il semble très difficile pour une victime de reconstruire ensuite sa vie (…) Le fait d’avoir réussi à construire quelque chose (un couple, une famille) n’empêche malheureusement pas toujours les victimes de sombrer à un moment de leur vie dans des états de détresse, tels que, souvent la mort leur semble être la seule issue possible. »

Lourde tâche pour le conseil de la défense qui a cité le célèbre pénaliste Eric Dupont-Moretti à l’aube de sa plaidoirie : «  la question : mais comment pouvez-vous donc défendre un assassin ou un violeur ?" - n'a aucun sens (…) Nous autres pénalistes, ne faisons pas de morale, mais du droit; reprocherait-on, par exemple, à un chirurgien d'opérer un malade du foie pour lui sauver la vie, au motif que s'il est mourant c'est parce qu'il buvait de trop? Pour l'avocat, c'est la même logique: sa robe est au service de celui qui la demande, à condition qu'il ne me demande pas de plaider une absurdité. » Selon l’avocate, l’accusé a cru que la victime était consentante et qu’elle l’aimait, il ne « subissait pas une pulsion mais était lui-même cette pulsion. Elle était son objet, il s’en est servi. »

Après en avoir délibéré, les jurés de la cour d’assises ont condamné l’accusé à 15 ans de réclusion criminelle.



Rédigé par Garance Colbert le Mercredi 28 Novembre 2018 à 18:30 | Lu 2501 fois